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Nouvelles du bord

2014

  

            8 juillet : Entre Port au Choix et Flower's Cove une navigation normale et agréable sous un ciel plombé et quelques averses, la pluie redoublant à l'arrivée avec une brume qui s'installe progressivement. Le quai dont une partie est en ruine n'est pas bien grand. Nous nous mettons à couple d'un bateau de pêche en déshérence pour passer la nuit. Une petite barque de pêcheur croisée quelques heures plus tôt en mer accoste, sa cale remplie de gros poissons plats, des flétans. Le poisson est pesé à même la barque alors que le mareyeur reste confortablement installé dans sa voiture au chaud. Le tour de la ville est rapide, une rue quelques maisons mais contrairement à son nom le lieu n'est guère fleuri. Et il pleut de plus en plus.

            




















            Le 9 juillet direction Quirpon à la pointe nord de Terre Neuve situé à quelques encablures de l'Anse aux Meadows lieu historique s'il en est. Le port est constitué d'un quai en bon état mais sans eau ni électricité, suffisant pour y passer la nuit et visiter le coin. L'Anse aux Meadows est le premier lieu de peuplement avéré des Vikings sur le continent américain. Ce peuplement aurait eu lieu vers l'an 1000 par des Vikings venus du Groenland et qui cherchaient de nouvelles terres. Un groupe de 60/90 personnes se serait installé avec pour but d'aller explorer le golfe du Saint Laurent appelé Vinland. Mais les terres étant vastes la colonie fut rapidement abandonnée et les bâtiments abandonnés. Le tout fut redécouvert en 1960 par un écrivain et explorateur norvégien Helge Ingstad lorsqu'un pêcheur local lui parla d'un ancien campement d'indiens qui s'avéra être les traces du fameux Vinland conté dans les sagas islandaises du 12 ème siècle. On y trouve une grande maison où devait habiter une personne de haut rang social de cette colonie ainsi que des zones pour y travailler le fer. Une hutte dans laquelle devait loger des esclaves. Une habitation plus petite vraisemblablement utilisée par des agriculteurs. Une grande bâtisse (2 fois le volume de la maison d'Erik Lerouge au Groenland) qui devait être le lieu d'habitation et de commandement du chef de l'expédition. Quelques autres bâtiments dévolus soit au stockage des denrées périssables, soit au travail du fer, ou encore une zone de vie pour les femmes.

            Cette région fut ensuite un lieu de pêche très important du célèbre French Shore. Tout à côté du port de Quirpon subsiste un four à pain français isolé aujourd'hui en pleine nature, sans autres structures adjacentes.

            

            Le 10 juillet  traversée du détroit de Belle-Isle un endroit où la navigation est difficile. Mais nous allons être gâtés, un vent portant de sud-ouest 25/30 nnoeuds, des creux de 3 m, un brouillard à couper au couteau avec une visibilité de moins de 1/2 mille et la possibilité de croiser des icebergs. Si la traversée fut relativement rapide par contre la tension fut grande à l'idée de croiser un iceberg d'un peu trop près. Heureusement ils se voient relativement bien au radar (enfin les gros). Le brouillard se lèvera à l'approche de la côte du Labrador et la fin de la navigation sera plus sereine, les icebergs étant visibles de loin. Petit port agréable ce Saint Lewis. Petit mais bien protégé. Accueil chaleureux, et deux pêcheurs nous offriront des crabes des neiges. C'est aussi la rencontre avec un aspect moins plaisant du Labrador : les moustiques et les mouches à chevreuil. Une Horreur. Heureusement tout a été prévu, bien renseignés par Brigitte et Alain, nous sommes équipés en moustiquaires et autres produits répulsifs. Là aussi, toute petite communauté de 300 habitants et pas beaucoup de ressources.

            11juillet journée chaude et exceptionnellement ensoleillée. Destination Black Tickle un port sur une petite île isolée de tout. Population 130 habitants, un hôpital gardé par un(e) infirmier qui effectue des vacations de 5 semaines, une petite école mais pas d'eau courante pour recueillir de l'eau, il faut soit  faire fondre la neige ou la glace ou canaliser les sources et ensuite transporter le tout par bidon à la maison. Par contre il y a une usine de production d'électricité et tout ce qu'il faut comme antenne TV satellittaire. Depuis le 18 ème siècle vit ici cette petite communauté de pêcheurs mais il apparaît rapidement que la vie y est difficile et précaire. Le lieu est attachant, la nature très présente et en été règne une belle lumière douce. Nous ne parlerons pas de l'hiver.

             Le 12 juillet en fin d'après-midi nous nous amarrons au quai à Cartwright après une navigation sans vent. Les paysages sont arides et vides d'habitation. La nature à l'état brut. Les oiseaux, nombreux, profitent du calme pour se laisser flotter sur l'eau. Et en mer il n'y a pas de moustiques.

            12 au 15 juillet : A Cartwright la plupart des bateaux étant partis en pêche il y avait de la place au quai côté intérieur, ce qui fut assez confortable. Des habitants toujours aimables et proposant leur voiture  à qui mieux mieux, car anormal  peut-être suspect de voir dans leurs rues des piétons.

            Un séjour à Cartwrigt pluvieux. 3 jours de pluie froide ininterrompue. Des moustiques et autres mouches innombrables et voraces. Vêtements protecteurs et moustiquaires du visage bienvenus. La ville n'a pas beaucoup d'intérêts et avec la pluie impossible de faire des photos c'est dire. Pourtant deux jolies petites églises, quleques maisons attrayantes ainsi q'une bibliothèque idéale pour se mettre à l'abri des insectes piqueurs et de la pluie. La possibilité de bénéficier d'internet à la bibliothèque permet d'avoir accès aux dernières nouvelles météorologiques pour préparer la traversée vers le Groenland.


            15 juillet : Départ à 4h30 pour bénéficier du courant de marée et sortir du fjord qui mène à Cartwrigt. Ce courant est d'environ deux noeuds. Un vent léger et quelques nuages de pluie accompagnent notre départ. 555 milles pour arriver à Paamiut au Groenland. Du vent du brouillard et des icebergs pendant les premières 24 heures et puis le vent s'absente et ne reviendra pas avant notre prochaine escale. Du moteur, uniquement du moteur jusqu'à Paamiut. La mer est d'huile, quelques fulmars boréal tournoient autour de Noème. Pas une seule rencontre en dehors de ces quelques oiseaux. 24 heures avant l'arrivée retour des icebergs et surtout du brouillard. Il n'y a plus qu'à coller son nez sur l'écran radar. Ils sont vraiment impressionnants les icebergs qui croisent notre routes. Il faut redoubler de prudence et surtout éviter les growlers qui , même si ils sont beaucoup moins impressionnants que les icebergs, pèsent déjà quelques tonnes. Quelques milles avant l'arrivée le brouillard se déchire par endroits mais les icebergs demeurent.

            19 juillet : Une arrivée splendide dans un mélange de brouillard et de soleil. La passe est étroite entre de hautes roches granitiques. Un chalutier échoué depuis longtemps balise le passage et rappelle que les conditions de navigation sur cette côte ne sont pas toujours faciles. Le chenal d'accès est libre de glace. Le port possède un quai tout neuf auquel est amarré un bateau militaire danois. Le second quai , sur lequel s'élève une usine de transformation du poisson, est dévolu au déchargement de la pêche des pêcheurs locaux et à l'expédition par cargo de la production de l'usine. Un vieux quai en bois est un peu plus loin. En le longeant  un vieux monsieur à bord d'un chalutier encore plus vieux et en très mauvais état nous fait un grand signe pour que nous venions prendre la seule place libre. Le quai n'est pas non plus bien grand.

            Les formalités d'entrée au Groenland sonr relativement simples. Pour une arrivée sur Paamiut, aller à la Poste demander l'imprimé adéquat qui une fois rempli est visé par la postière. Avec ce document se rendre au poste de police où il sera tamponné ainsi que votre passeport et c'est tout.

            Paamiut ou "Le peuple à l'embouchure du fleuve" est habitée depuis déjà longtemps. Par les civilisations Dorset tout d'abord (700 avant JC à 200 après JC) puis Thulé ensuite de 1000 à 1500 après JC enfin les Vikings qui eux aussi fréquentèrent le lieu. La ville est fondée en 1742. Son activité alors est basée sur le commerce des fourrures et de la chasse à la baleine. Le vieux quartier, autour du port, est toujours là avec ses vieux entrepôts et quelques maisons d'habitation du XVIIIème. L'église, très belle, est construite en bois debout dans un style rappelant celui des églises norvégiennes. Une grande partie de l'habitat est malheureusement constitué de grandes barres d'immeubles pas toujours en bon état. Certains sont à l'abandon et de plus petites structures sont maintenant construites. Malgré tout il y a encore des maisons individuelles en bon état peintes de couleurs vives et chatoyantes.

            A notre passage le musée était malheureusement fermé pour ne pas dire à l'abandon. Dommage car à priori il possède une belle collection d'objets traditionnels inuits ainsi que de nombreuses photographies.

            La ville compte un peu de 2000 âmes. Ici se trouve l'école de navigation et d'apprentissage de la pêche qui forme les jeunes générations au niveau national. Car ici les activités de la pêche sont la base de l'activité économique de la région.

            La ville malgré tout est très agréable à parcourir. Il y a même un vrai supermarché bien achalandé.