Nouvelles du bord
2010
Entrée de la marina d'Inverness depuis la rivière Ness.
Début avril 2010
Derniers préparatifs avant notre départ pour Inverness. Nous rejoignons l'Ecosse en voiture et redescendrons à la fin du mois.
Récapitulatif des besoins en matériels divers pour préparer Noème : carénage, moteur, voile, électronique pour la navigation. Elaboration et construction d'un nouveau davier.
Approvisionnement de la cambuse : très important.
Départ à la voile d'Inverness au plus tard à la mi-mai.
24 avril
De retour d'Invernes après y avoir passé une dizaine de jours nous apprécions les températures clémentes du sud-ouest. Si nous sommes arrivés en Ecosse par un temps ensoleillé et doux, une pluie et un vent persistants ont rapidement pris le relais de ce temps printanier, accompagnés de températures hivernales et de chutes de neige.
La température trop basse et la pluie nous ont fait remettre le carénage au mois de mai. Nous avons pu malgré tout réaliser l'essentiel des petits travaux et vérifier l'état du matériel. Tout fonctionne correctement : chauffage, électronique, moteur, gréement, voiles etc... Noème n'a pas souffert du rigoureux hiver écossais.
L'approvisionnement est achevé et réparti dans les différents coffres. Les pleins d'eau et de gazole seront effectués avant le départ à la mi-mai.
12 mai
Arrivée à l'aéroport d'Inverness sans encombre malgré le volcan islandais en éruption.Temps ensoleillé mais frais pour notre arrivée avec les montagnes avoisinantes enneigées.
18 mai
Le lendemain de notre arrivée et les jours suivants vent fort et froid accompagné de pluie ou de soleil au choix. Mise au sec de Noème et peinture sous-marine refaite après nettoyage de la coque par le personnel du port sous un soleil printanier. Remplacement des anodes de l'hélice.
19 mai
Remise à l'eau de Noème, fin des deniers préparatifs avant le départ pour les îles du nord.
25 mai
Hier soir arrivée à Kirkwall au coeur des Orcades par fort vent de nord-ouest et mer peu agitée en provenance de Wick notre première et précédente escale depuis notre départ d'Inverness le 23 mai.
27 mai
Nous quittons Kirkwall pour Pierowall sur l'île de Westray au nord des îles Orcades. Nous avons fait une escale de trois jours à Kirkwall pour cause de vent, de froid et de pluie. Le temps a été tellement exécrable que nous nous sommes peu promenés.
Un vent d'est nous poussera jusqu'à Pierowall et son petit port de pêche dans lequel a été installé un ponton pour les voiliers qui y font une halte.
Ce port est spécialisé dans la pêche au crabe. L'île n'est pas bien grande mais est habitée depuis longtemps. Une pierre sculptée datée de 300 BC fut retrouvée en 1981 dans une tombe attestant de l'ancienneté de l'occupation humaine de l'île bien avant que les vikings ne s'y installent vers l'an 800.
28 mai
A 8 heures du matin Pierowall est laissé dans le sillage de Noème. Direction les îles Schetland. Un vent de nord-ouest tranquille souffle à 15 noeuds. Dans la matinée le vent va s'épuiser et nous nous retrouvons encalminés, roulés par une houle de nord-ouest. Le moteur sera sollicité. Finalement nous poursuivrons notre route au moteur car le vent ne daignera plus souffler suffisamment pour faire avancer le voilier. Un peu avant minuit Noème sera amarré au Victoria Yacht Pontoon à Lerwick.
29 au 31 mai
Deux jours d'escale à Lerwick avec une journée de beau temps.
31 mai
En route pour Baltasund sur l'île de Unst, plein nord avec un léger vent d'est. Faute de vent nous ferons escale à Symbister sur l'île Whalsay à 20 milles nautiques de Lerwick. Très joli port. Temps froid mais agréable. Une fois accosté le capitaine du ferry viendra nous faire la conversation avant de repartir pour une nouvelle traversée sur l'île voisine et à son retour depuis sa cabine nous saluera d'un grand geste en nous apercevant sur la berge .
Alors que nous partions pour notre promenade rituelle un pêcheur nous offrira 5 poissons juste pour le plaisir. Très gentils ces Ecossais.
1er juin
Toujours vent d'est pour monter sur Baltasound, un 5 établi et une mer belle. Temps un peu froid tout de même. Une agréable navigation entre les cailloux. Baltasound le port le plus nord de la Grande Bretagne (60°45.5'N 00°50.2'W) avec un bureau de poste lui aussi la plus nord du pays. Dès notre amarrage le "harbour master", plus britannique que nature (costume sombre strict et cravate club) arrive, nous souhaite la bienvenue et nous présente tous les attraits de son île. Dans la nuit le vent tourne au sud-ouest forcit 30 noeuds et nous voilà balloté gentiment pendant les 24 heures suivantes sur un petit ponton à peine plus long que Noème. Nous restons à bord car les pare-battages ont tendance à remonter sur le ponton et ce n'est pas une sinécure que de repousser le bateau et insérer à nouveau les protections entre la coque et le ponton. Pas de visite à terre pour cette fois-ci. Nous pensions traverser la mer du nord en direction de la Norvège ce jour mais nous nous attarderons une nuit de plus.
3 juin
Vent annoncé de nord-ouest. Pas mal pour aller en Norvège. Nous envisageons d'accoster à Ålesund. Nous partons en fin de matinée et faisons route pour éviter les plateformes pétrolières. Bientôt le vent passe nord et nous amène à faire plus de sud pour ne tirer qu'un seul bord. Nous traversons du coup le champ des plateformes. Au petit matin température moyenne de 10°C, le vent pour nous être agréable forcit 25/30 noeuds et passe au nord-est. Super. Du près serré : on aime. Nous nous rendons compte que sauf à tirer des bords nous ne pourrons pas rejoindre Ålesund. Nous décidons de rejoindre Florø par l'accès nord. Le passage du sud est étroit, bordé de haut-fond; on imagine que la mer y sera encore plus agitée. Voiles bien bordées (et voilure réduite), gîte conséquente, à l'assaut des vagues, aspergés d'eau froide et salée, nous arrivons à maintenir notre route. Le pilote ne nous fait pas défaut. En fin de journée, à l'entrée de la passe en quelques minutes tout se calme comme par miracle. Bien contents nous profitons du paysage qui défile autour de Noème. Encore deux heures de navigation en eaux protégées avant de rallier Florø. A 23 heures accostage puis rapidement sous la couette pour une nuit de sommeil réparateur.
6 juin
Hier visite de Florø. Petite ville calme au milieu d'un magnifique archipel aux îles multiples, entourée de hautes montagnes, de glaciers et de lacs. De belles promenades à pied tout autour de l'agglomération.
Demain nous partons pour Molde plus au nord.
7 juin
Une escale brève à Maloy en attendant de passer la zone côtière de Statt (de sinistre réputation)
8 juin
Finalement le passage de Statt se fera sans trop de difficultés. Un 6 de nord-est bien établi et des vagues d'une hauteur maximum de 3,5 mètres et une houle croisée. Nous avions décidé de nous rendre à Ålesund par la route extérieure mais finalement après avoir été chahuté au passage de Statt nous optons pour le passage intérieur et 10 miles de plus car la mer y est beaucoup plus calme. A 20 heures nous nous amarrons à un vieux quai tapissé de vieux pneus bien noirs et crasseux. En nous promenant dans cette ville reconstruite en 1904 après un incendie dans un style très art et déco. Et nous dirigeant vers la marina au fond de la ville nous croisons le Harbour Master du port d'Inverness et son épouse venus sur leur voilier visiter la Norvège.
9 juin
Départ vers 8 heures pour Molde, trente-cinq milles nautiques plus nord. Un peu de vent dans le port mais une fois sortis de l'abri le vent soufflait à 30 noeuds et bien entendu de nord accompagné d'une pluie froide dans un ciel noir. Les premières heures seront pénibles avant de pouvoir virer de 90° dans le fjord suivant en direction de Molde et nous retrouver largue. Nous continuerons sous GV à trois ris, trinquette et yankee un peu déroulé pour finir par arriver avec 10 noeuds d'une petite brise agréable et un soleil revenu.
Molde est une ville très industrieuse, très moderne, très active dans un cadre naturel magnifique et impressionnant, réputée pour sa fête des roses. De charmantes villas en bois du dix-neuvième siècle subsistent malgré la modernisation effrénée qui gagne la ville.
10 juin
Dans l'après-midi direction vers un abri 12 milles plus au nord. Un passage étroit nous mène dans une petite baie charmante bien protégée. Une fois l'ancre mouillée grand silence. La nuit sera parfaitement calme.
11 juin
Ancre relevée nous quittons notre abri et remontons sur Kristiansund. Pas de vent mais de la pluie dans un ciel gris. Moteur jusqu'au port. Les journées ne se ressemblent pas. Il continue de pleuvoir et nous restons à bord.
13 juin
Au matin sous un ciel éclairci Kristiansund est laissé dans le sillage de Noème. Nous n'avons pu visiter la ville car il a plu sans discontinuer pendant toute l'escale. La pluie était accompagnée d'un vent froid très désagréable. Le bref séjour s'est écoulé dans le bateau accompagné d'un bon chauffage. On va le redire mais bon : encore une journée de près avec quelques éclaircies. En fin de journée prise d'un mouillage à Vagen sur l''île de Storfosna. Une entrée étroite et derrière un plan d'eau paisible occupé par de nombreux eiders en parade nuptiale.
14 juin
Nous quittons notre havre idyllique pour affronter une nouvelle journée de pluie et de vent toujours aussi peu porteur. A 20 heures la journée est récompensée par un mouillage sur un ponton dans un charmant petit port bien protégé. Nous sommes amarrés à Saetervagen par 64°23' N 10°28'E. Des oiseaux de mer sur un îlet au milieu du port, quelques barques de pêcheurs et un calme serein.
15 Juin
Une dernière escapade autour du port et nous le quittons sous un rayon de soleil. Et là miracle : un jolie brise par le travers nous accompagnera tout au long de la route jusqu'à Rorvik. Une navigation formidable sans gite sous un soleil parfois masqué par quelques nuages.
16 Juin
Il pleut il pleut. Il vente il vente. Rorvik petite ville sans grand attrait, mais un musée à l'architecture ultramoderne (qui tranche avec les constructions en bois traditionnelles) consacré à la culture et l'industrie côtières de cette côte norvégienne si longue et si importante pour l'histoire du pays. En particulier les méthodes de pêches séculaires et modernes, les techniques de construction navale de la préhistoire à nos jours.
17 Juin
Il pleut toujours mais il faut progresser vers le nord. Nous avons un bon vent de sud-ouest de 25/30 nœuds, une mer rouleuse, une pluie froide et dense, une visibilité extrêmement réduite. Parfois, de loin en loin, au cours du trajet, des masses informes, floues surgissent de la brume et du rideau de pluie nous rappelant que les "cailloux" ne sont pas loin. 7,5/8 nœuds sous grand ‘voile seule à trois ris. Le yankee est enroulé et la trinquette affalée. Au plein vent arrière impossible de les tenir gonflées, ces deux voiles n'arrêtent pas de battre et de passer d'un bord sur l'autre suivant leur bon plaisir. S'écarter du vent arrière est toujours possible mais il faudrait empanner sans arrêt car les chenaux de la route intérieure ne sont pas très larges aussi continuons nous sous grand'voile seule. En fin de journée le vent passe à l'ouest et la trinquette est hissée. Le soir escale à Sandnessjoen complètement trempés. Le temps va encore se dégrader, un coup de vent est annoncé pour les prochaines 48 heures. Nous aurons le temps de tout faire sécher grâce au chauffage du bord avant de repartir.
18 Juin
Promenade dans Sandnessjoen. Toutes les villes ont à peu près la même architecture. Le centre ville construit autour du port reste le centre d'activité principal avec ses immeubles modernes plus ou moins réussis. Les habitations de bois coloré construites autour du port sur les flancs de la montagne environnante. Une église toujours en bois, avec son cimetière attenant, décentrée et le plus souvent sur les hauteurs. Toujours au centre de nombreux bars avec terrasses dans lesquels se retrouvent et se regroupent les norvégiens dès l'apparition du moindre rayon de soleil.
Dans les rues de nombreuses statues rappellent le quotidien, la nature ou leurs grands hommes.
21 juin
Le cercle polaire, latitude 66°33' Nord, a été franchi hier après-midi sous un rayon de soleil. A partir de cette latitude le soleil ne passe plus sous l'horizon le soir. Il fait jour continuellement. Bodo escale de ce jour, importante ville du nord, sans charme particulier, mais un bon point de départ pour organiser une visite aux Lofoten et aux Vesteralen. Pas de photos aujourd'hui car trop de pluie.
22 juin
A Bodo aujourd'hui encore car la météo est vraiment excécrable. Difficile de simplement se promener dans les rues qui d'ailleurs sont désertées. La bibliothèque locale, ouverte à tout le monde offre un havre de chaleur et une connexion internet appréciée par le voyageur de passage. L'an passé durant cette période le temps avait été ensoleillé et chaud. Demain un rayon de soleil est attendu sur la région alors autant en profiter pour gagner vers le nord. Départ vers Lodingen au sud des îles Vesteralen.
26 juin
Tromso : "Paris du Nord", 69°40' nord. Dernière escale avant la traversée vers le Spitzberg. Tromso s'illumine sous le soleil à notre arrivée. Les montagnes environnantes très enneigées, la brise de nord-est qui se refroidie en passant sur la neige renforcent l'impression de froidure ambiante. Ici pas de nuit, le soleil passe ses journées sans fin au dessus de l'horizon. A minuit il scintille sur la mer qu'il embrase d'or, ou se teinte de rouge entre les montagnes (ce spectacle ne peut être apprécié que s'il n'y a pas de ciel couvert).
Polaria, le musée de Tromso et le musée polaire rappellent que Tromso a été, pendant longtemps, le point de départ d'expéditions polaires. Ronald Amundsen, grand explorateur des régions polaires y est né.
La ville très cosmopolite, très active, vit au rythme des manifestations culturelles. Elle abrite l'université la plus septentrionale au monde.
28 juin
Le départ vers le Spitzberg est prévu cet après-midi. La météo devrait être clémente pour ces quatre jours de traversée
3 juillet
Partis lundi après-midi de Tromso par beau temps un coup de torchon nous cueillit deux heures avant d'arriver à Torsvag, petit port de pêche perdu à la sortie du Hamarfjord, à l'entrée de la mer de Barents. Quarante noeuds d'un vent surgit dont ne sait où. Grand'voile arisée à trois ris, trinquette à un ris et yankee quasi enroulé en moins de 10 minutes. L'équipage décide de rentrer dans le port de Torsvag pour laisser s'épuiser la tempête. A quatre heures du matin le temps est redevenu maniable. Torsvag disparaît rapidement à la poupe de Noème. Beau temps puis dans les 48 heures suivantes le vent va progressivement faiblir pour s'évanouir. Lorsque le gennaker battra pitoyablement au plaisir de la houle, le moteur sera sollicité pour faire route et stoppé à Longyearbyen, le vent se refusant à souffler le reste du trajet.
La pointe sud de l'archipel du Svalbard, Sorkapp, est débordée de trente milles à l'ouest. Les dernières informations sur l'étendue du pack de glace datent d'il y a 4 jours, à ce moment-là le pack s'étendait à plus de 25 milles. Au petit matin apparaissent, dispersés, les premiers glaçons, noyés dans le brouillard et flottant sur une mer grise et lisse. Plus au nord dans la matinée, sous le soleil apparu, brille un long promontoire de glace dense, colonisé par d'innombrables phoques se prélassant aux premières chaleurs matinales. Recouvert de plusieurs couches de vêtements polaires l'équipage contourne cet éperon en faisant route au sud-ouest pendant trois milles avant de reprendre la route. Toute la matinée à tour de rôle les deux barreurs vont slalomer à travers les morceaux de glace plus ou moins resserrés, parfois bleutés, aux formes biscornues et infinies. Par trois fois de l'ouest est mis dans la route pour franchir d'autres promontoires. Finalement le pack s'éclaircit pour totalement se dissiper à l'entrée de Bellesund (77° 30' nord) située au sud de Isfjorden entrée du fjord vers Longyearbyen. La progression dans Isfjorden permet d'admirer sous le soleil de minuit les glaciers qui se jettent dans la mer; entourés de montagnes enneigées austères et rébarbatives aux sommets ennuagés. Longyearbyen est touché à trois heures du matin, après 4 jours de traversée.
4 juillet
Depuis la mer la ville se détache dans un cadre magnifique marqué des flétrissures des mines de charbon maintenant abandonnées. On accède à la ville en montant par une route goudronnée. Cité peu imposante ses bâtiments de bois colorés se dressent au milieu d'un paysage lugubre dépourvu de végétation à part un peu d'herbe et de lichen avec par-ci par-là, au milieu de la rocaille, des fleurs en bouquet qui émergent. L'agglomération apparait d'une précarité définitive malgré les nombreux édifices en construction. Devant les maisons stationnent, inactifs pour le moment, motoneiges, skis, et volumineuses pelles. Une rue piétonnière, centrale, traverse la ville et est visiblement dévolue au tourisme. En deux jours plusieurs énormes bateaux de croisières s'arrêteront quelques heures vomissant leurs milliers de passagers qui s'empressent de parcourir les boutiques avant de se réfugier rapidement dans la chaleur douillette de leur cabine.