2013
Ces derniers jours de janvier le climat de la métropole n'a rien à envier à celui de SPM. Nous avons des nouvelles régulières de notre voilier, malgré déjà plusieurs tempêtes passées sur SPM, rien d'anormal ne nous a été signalé.
Février : séjour de 4 semaines au soleil de la Guadeloupe pour refaire le plein d'énergie avant de regagner les froidures du grand nord. Promenades et marches, visites diverses, pas de plage mais ti'punch le soir pour finir ces journées ensoleillées et chaudes mais hélas avec des moustiques (quelle plaie).
4 mars : retour à la maison et températures en-dessous du zéro. L'entraînement pour le retour à SPM n'a pas attendu. Il est temps de mettre au point notre programme tant sur le plan matériel que logistique et documentaire pour la navigation prévue vers le Groenland et si tout se déroule comme prévu le passage du Nord-Ouest.
14 avril : Arrivés dans la soirée à Saint-Pierre. Claude un ami de Brigitte et Alain nous attendait pour nous mener à leur maison. Ces derniers, actuellement en métropole, ont mis à notre disposition leur maison sur les hauts de Saint- Pierre. La vue est très belle depuis la terrasse qui domine la baie et l'entrée du port. Parfois, par temps clair, au loin, Terre-Neuve se laisse deviner. Mais surtout pour préparer Noème (qui n'a pas souffert des difficiles conditions hivernales de SPM) cela sera bien plus agréable, car travailler et loger dans le bateau au milieu du bazard aurait été difficile et ce d'autant plus que Noème est au sec. Et enfin grand luxe, nous disposons aussi de leur véhicule. Merci à eux.
20 avril : Pour protéger le saildrive qui semblait vulnérable pour nos prochaines navigations, nous avons fabriqué un déflecteur à installer devant le saildrive pour éviter, dans la mesure du possible, que des glaçons malicieux ne viennent le bousculer. Mais les conditions météorologiques sont encore largement défavorables au travail de l'époxy. Lundi matin petite averse de neige, réchauffement dans l'après-midi à 2°C. Mardi pluie et vent, mercredi même temps et plus de vent. Heureusement que nous disposons d'un garage de surcroît chauffé, ce qui a bien facilité la réalisation de la pièce et aucun souci pour la polymérisation de l'époxy.
Jeudi grand beau temps, pas un seul nuage mais une température basse très basse : 1°C. Comment stratifier ce déflecteur? Avec grande gentillesse George de l'école de voile nous propose un bon gros chauffage au fuel. Stratification effectuée dans les meilleures conditions possibles donc. Grâce à la chaleur, la polymérisation a bien eu lieu. Hier, premier enduit de finition et bien sûr chauffage sous un petit crachin type "Breton".
Aujourd'hui (20 avril) une pluie froide et un vent de trente noeuds ont empéchés de poursuivre les travaux, il n'a été possible que de poncer la première couche d'enduit au cours d'une accalmie.
Les prévisions pour les jours à venir sont peu encourageantes alors que l'application de la peinture sous-marine est prévue à partir de mardi. Wait and see.
27 avril 2013 : La fuite d'huile (à Dartmouth au mois de juillet dernier) ayant survécu à l'hiver il semblait judicieux de la corriger. Pour cela installer une poutre qui prend appui sur le rebord du bridge-deck d'un côté et au-dessus du carré à l'intérieur de l'autre côté, installer un palan sorti de son coffre, gréer une chaine sur la poutre, retirer tous les éléments qui pourraient empécher le moteur de bouger (alimentation gazole, fils électriques divers, tuyaux variés etc.), séparer le moteur du sail-drive, enfin avancer et hisser le moteur suffisament haut pour avoir accès à la partie arrière.
S'installer confortablement dans le fonds de la câle, ajouter une baladeuse pour bénéficier d'un peu de lumière (quand on déteste la mécanique on en manque toujours) et commencer à démonter d'abord le carter du volant moteur, puis l'accouplement souple, dévisser le volant moteur lui-même puis l'extirper de son logement sans le laisser tomber au risque d'endommager la couronne de démarreur, pour finir dévisser une dernière tôle : apparait alors le presse-étoupe de l'arrière du vilbrequin qui est censé fuir et qu'il est nécessaire de changer selon le diagnostic posé à Halifax.
Surprise, surprise : aucune fuite à ce niveau là. On examine l'ensemble et on s'aperçoit que la fuite d'huile que nous traînons depuis si longtemps provient en fait du tampon de l'arbre à came qui n'assure pas une étanchéité parfaite. Donc rien de bien grave à priori, il suffit de refaire l'étancheité beaucoup plus facile que de remplacer le joint en face arrière du vilbrequin.
Comme un tas de pièces sont démontées on les examine, histoire de voir comment elles sont construites. Pour le dumper (accouplement souple) il y a quelque chose de bizarre, mais oui le métal est fendu et même il en manque un petit bout et le caoutchouc parait avoir souffert. Voila une belle surprise.
Coup de fil au revendeur Volvo qui nous a vendu cette merveille de moteur. Bon il n'est plus revendeur Volvo mais une autre société a repris cette activité : Méca-bateau-distribution. Premier coup de fil au secrétariat : il faut joindre le responsble technique. Autre numéro de téléphone mais il faut laisser un message : donc résumé synthétique des évènements sur le répondeur. Une 1/2 heure plus tard coup de fil d'Alain Roger, responsable technique. Au bout de 3 minutes il demande si il peut avoir des clichés. La chose ayant été anticipée les photos sont envoyées dans les 10 minutes à son adresse courriel. Mais il y du décalage horaire et donc ce matin nouveau coup de fil d'Alain Roger qui préconise de changer la pièce au vu des photos, car les caoutchoucs ayant souffert il y a un risque de cisaillement des vis qui maintiennent le dumper sur le volant moteur. Encore quelques milles et nous aurions pu avoir une panne plus sévère. Merci la fuite finalement.
Un devis arrive dans les 10 minutes, devis accepté (et en plus remise de 10% ce qui paiera les frais de port jusqu'à Saint-Pierre). Pièce envoyée dans l'après-midi même. Vraiment à l'écoute et efficace comme service après--vente. Il n'y a plus qu'à attendre que la pièce arrive et remonter l'ensemble.
Vous-voulez notre opinion sur les moteurs Volvo? Vous n'avez-pas deviné?
En attendant les divers travaux prévus vont continuer. A priori la météo prévoit du très beau temps avec soleil à partir de dimanche pour plusieurs jours accompagnés d'une envolée des températures : 12/13°C prévus.
25 mai : Quand l'accouplement souple est arrivé à Saint-Pierre Noème était déjà à l'eau. L'école municipale de voile reprenant ses acivités il fallait libérer le parking des Lasers, Hobie-Cat et autres Optimists.
Les températures n'arrivent pas à remonter et restent sur le seuil des 7/8°C. Il est difficile de travailler avec les conditions climatiques qui règnent sur l'archipel. Entre vent, pluie, brume et brouillard, prétendre peindre ou stratifier est une véritable gageure et relève presque de l'exploit. Tous les travaux prévus ont pu être achevés quand même.
Antifouling bien sûr, skeg de protection du saildrive, installation d'un nouveau pilote, contrôle des voiles et quelques réparations y compris les divers tauds, vérification de l'électronique. Voiles gréées à l'occasion d'une accalmie matinale avec un petit tour au sommet du mât pour installer un nouveau messager pour la drisse de yankee qui avait disparu. Une garcette bien plombée et un crochet à passer par le passage de drisse en pied de mât et la drisse de yankee était de nouveau en place. Cela a été l'occasion de vérifier le gréement dans son ensemble : pas de gendarme.
L'accouplement souple remis en place le moteur n'a pas encore été démarré car au moment de mettre le filtre à huile neuf en place que nous avions en réserve, sur l'emballage il est écrit : "Ce filtre ne convient pas pour les moteurs Volvo D2-55 et D2-75" hors c'est ce type de filtre qui est utilisé depuis trois ans. Comme quoi il est indispensable de toujours tout vérifier même si ce sont les références utilisées depuis longtemps. Impossible de savoir les raisons techniques qui ont abouti à cette exclusion. Le moteur a-t-il souffert? Difficile de le savoir. Attendons. Pour le moment impossible de touver des filtres adéquats sur Saint-Pierre. Donc, commande en France et au Canada. Le premier arrivé aura le privilège d'être vissé immédiatement au bloc moteur.
Gros travail de nettoyage des coffres à eau puis des coffres de rangement, de la baille à mouillage etc.
Reste maintenant à prévoir l'avitaillement pour environ 5 mois, le plein d'eau et celui de gazole ainsi que quelques bricoles diverses.
Voilà pour le mois écoulé, rien de bien folichon. N'oublions pas un gros blanc sur les cartes Navionics pour la région de Goajhavn et de Resolute Passage. Pas encore de réponse de la part de Navionics mais Marc Lombard, concepteur du logiciel Scannav, que nous avons joint imaginant que cela pouvait avoir un lien avec la lecture du logiciel, a lui aussi pris contact avec Navionics mais pour l'instant pas de solution.
Départ de Saint-Pierre vraisemblablement la deuxième semaine de juin. Les glaces sont encore très présentes et il y a des icebergs le long de la côte du Labrador.
12 juin : Toujours à Saint-Pierre non pas temps à cause de la météo qui est venteuse en cette fin de printemps mais parce que Jefa nous a fait une farce.
Jefa est une société qui fabrique entre autres des moteurs électriques réversibles pour pilote automatique. Un des deux moteurs des pilotes automatiques du bord avait été retourné pour révision chez Jefa après notre transat de février 2012 car devenu asthmatique le moindre effort lui était pénible. Après plusieurs mois sans nouvelles nous avions relancé l'importateur français. Oublié sur une étagère quelconque chez Jefa il profitait pleinement de sa convalescence. Finalement récupéré en octobre il ne prit la destination de SPM que début avril dans nos bagages.
D'autres travaux avaient été programmés avant d'installer ce moteur et ce n'est que vendredi dernier qu'il fut installé à son poste. Cela nous permet d'avoir un second pilote prêt à fonctionner en cas de panne du premier. Une fois mis en place, le paramétrage du moteur avec l'électronique a débuté mais impossible de l'effectuer. Rien, refus total. Contrôle des connections, démontage de l'unité centrale et mesure du courant de sortie, contrôle de l'embrayage et de l'indicateur d'angle de barre. Aucune anomalie découverte. Le moteur ronronnait bien mais aucune réponse de l'électronique. En désespoir de cause démontage du moteur et vérification de celui-ci directement sur la batterie sans passer par l'électronique. Bruit caractéristique de l'embrayage entendu au moment de la mise sous tension et mise en route normale du moteur en branchant ses fils d'alimentation. Ensemble absolument parfait sauf que cela ne fonctionnait pas entre le pilote et l'électronique.
Une bonne nuit de sommeil est toujours la bienvenue pour réfléchir dans ces cas-là. Nouvelle recherche le lendemain et recontrôle de tout l'ensemble de l'installation : tout semble être normal mais il existe toujours une incompatibilité entre moteur et commande. Cette fois-ci le fusible de protection du moteur est démonté et surprise il s'agit d'un fusible de 20A alors que sur le moteur envoyé en réparation il y avait un 40A. Une brève lueur traverse le cerveau du chercheur d'anomalie : mais bon sang, mais bien sûr si c'était ...
Moteur remis sous tension il fonctionne semble-t-il normalement sauf qu'il est facile de le bloquer à la main ce qui n'est pas normal. Il doit y avoir un problème de tension sur ce moteur. C'est à ce moment-là que la révélation eut lieu. Le voisin de quai ayant un circuit électrique de 24V sur son voilier, le moteur du PA après branchement adéquat se met à fonctionner parfaitement avec une force normale et il est bien évidemment impossible de le bloquer en fonctionnement.
Voilà la raison de cette incompatibilité entre le moteur et son électronique : la tension du bord étant de 12 V elle était insuffisante pour délivrer au moteur la puissance utile à son bon fonctionnement. Et le plus rigolo c'est que sur le boîtier du pilote il est bien indiqué moteur 12V, regardez donc la photo. Le boîtier partit pour réparation en 12 V est revenu en 24 V. Le repos, oublié sur son étagère chez Jefa, lui a permis de doubler ses forces.
Maintenant il faut attendre à quai le nouveau pilote car il n'est pas vraiment question de partir en équipage réduit sans avoir les deux pilotes opérationnels. Tout au moins est-ce notre avis.
Nouvelles du bord
2013
Fissure
Morceau de métal arraché
22 juin : Nous attendons désespérément le moteur du pilote. L'enlèvement a bien eu lieu chez Gréement Import dans l'heure qui a suivi notre commande, soit le 11 juin. Bien entendu nous avons choisi l'envoi Express pour un coût exorbitant. Soit un délai de 5 jours ouvrés. Et bien nous sommes le 22 et toujours rien, peut-être lundi. Nous savons que le colis a été embarqué sur un avion au départ de l'aéroport Charles de Gaulle le mardi suivant. Les transports TNT ont eu besoin d'une semaine pleine pour acheminer un malheureux colis de 6 kg de Nantes à Paris. Nous pensions que l'époque de la charrette à cheval était révolue mais que nenni, cela doit être difficile de trouver des picotins d'avoine pour nourrir ces pauvres bêtes.
Nous voilà encore retardés. Pour l'heure le temps sur Terre-Neuve est exceptionnel : soleil, vent régulier d'Ouest à Nord-Ouest 15/20 noeuds, une absence totale de brume et cela pendant encore 3 jours. Les fichiers Grib, même si nous sommes très prudents quant aux informations qu'ils délivrent sur le long terme, ne montrent aucun phénomème météorologique inconfortable sur la route de Nuuk. C'était la fenêtre idéale. Inutile de dire que nous sommes assez contrariés. Un moteur de 24V en lieu et place d'un 12V, un transporteur incapable de tenir ses délais et voilà comment on perd une bonne occasion de naviguer tranquille dans des coins habituellement réputés difficiles.
Certes Saint-Pierre est accueillant, agréable (surtout sous le soleil), mais le programme est tout autre pour cette année. Pour un départ prévu le 15 juin rien n'est encore dramatique mais cela va amputer sérieusement la découverte du Groenland. Il faut absolument avoir au moins touché Upernavik au plus tard le 20 juillet et nous avions envisagé de monter jusqu'à Thulé. Le programme va devoir subir quelques modifications.
26 juin : Ca y est le moteur du pilote automatique est en place depuis hier soir; ouf, tout fonctionne parfaitement. Ce matin dans un brouillard dense le paramétrage du pilote et du compas s'est déroulé sans anicroches aux portes du port de Saint-Pierre.
En fin d'après-midi nous avons été à l'école de voile faire nos adieux. Non seulement l'accueil est chaleureux mais en plus tout est mis en oeuvre pour pouvoir vous aider dès que vous en faites la demande : prêt de petit matériel, réparation de voile, renseignements divers. Cette école de voile est très dynamique et inventive, une multitude de gamins apprennent ainsi la voile et dans des conditions pas toujours faciles : brume, brouillard, pluie, froid, vent (il faut voir les Optimists filer silhouettes fantomatiques perdues dans le brouilard avec un ris établi dans la grand-voile).
Départ demain matin en direction de Fortune pour l'entrée officielle au Canada (immigration et douanes). Le temps sera moyen 15/20 noeuds de vent, pluie et brouillard. Un temps Terre-Neuvien évidemment. Puis direction Saint John's où une dépression devrait passer dimanche dans la journée. Si tout se passe bien se sera le départ pour Nuuk au Groenland avec mille miles nautiques devant l'étrave. Les icebergs descendant du Labrador atteignent la latitude de Saint John's et sont très nombreux. La route devrait se diriger vers l'est de façon à éviter au maximum les icebergs au départ. En montant jusqu'à 50°N et 49°W le champ d'iceberg devrait rester sur bâbord et la route sera libre d'obstacle.
27 juin : Faux départ. Une petite dépression s'est creusée plus que prévue. Pas très motivant de naviguer vers Fortune avec 25 noeuds de NE soit bout au vent et creux de 2,5 à 3 mètres. Encore mieux une pluie diluvienne est associée à cette dépression. Décidément rien n'est simple sur Terre-Neuve.
Nouveau départ prévu demain matin.
25 juillet : Après une escale forcée de trois jours à Burin, charmante localité de Terre-Neuve, pour cause de vent contraire et mer très agitée, le vent s'était enfin orienté dans une direction idéale pour rejoindre le Groenland. Malheureusement la route vers Nuuk fut brutalement interrompue dans la nuit du 3 au 4 juillet. Dans un vent de 30 noeuds, au près bon plein, nous avons roulé le yankee pour être tranquilles au cours de la seconde partie de nuit. Le dernier mètre carré nous a semblé plus difficile et plus dur à enrouler qu'à l'accoutumée. Le lendemain dans l'après-midi, le vent étant retombé il n'y avait pas de raison de garder le yankee enroulé et bien il passa à l'eau dès qu'il fut déroulé : rupture de drisse. Le remonter à bord plein d'eau et l'étaler sur la plage avant ne fut pas trop difficile. En jetant un coup d'oeil vers le capelage de l'étai la rondelle déflectrice n'était plus en place et sous le sertissage le câble semblait avoir souffert.
Monter au mât pour contrôler si l'étai ne s'était pas détoronné pendant la manoeuvre de la nuit précédente était indispensable. Le port le plus proche Musgrave, port de pêche perdu dans les rochers, une fois à quai, autoriserait une montée au mât dans de bonnes conditions. Arrivée le soir et contrôle de l'étai immédiatement. Il a souffert. Sous le sertissage le bout de drisse est collé sur les torons (ce qui l'a empéché de descendre dans le mât) et les torons sont manifestement écrasés. Gros souci en perspective. Musgrave étant un port de pêche aucun service pour la plaisance n'est possible. En regardant la carte, Lewisporte 60 milles dans l'ouest, petite bourgade de 2800 habitants, a une marina (une des 5 marinas de Terre-Neuve) assez importante avec grue-cavalier de 35 tonnes.
Le lendemain, à l'aube, départ pour Lewisporte. Pas de vent et 60 milles au moteur. Accueil très chaleureux à la marina par Peter Atkins, qui le lendemain nous offrira son guide nautique "Notre Dame Bay".
5 juillet : Le yankee est installé sur l'enrouleur pour essayer de comprendre ce qui a pu se passer. La drisse se met à tourner autour de l'étai dès le premier tour, impossible d'enrouler. Ca coince. Le yankee est malgré tout laissé en place le temps de sécher avant de l'affaler et de le ranger. A première vue le curseur-émerillon ne tourne plus vraiment correctement. Nouvelle expédition en tête de mât. En plus des dégâts déjà constatés le haut du tube de l'enrouleur est écrasé, à changer lui aussi. Effectivement le curseur-émerillon ne joue plus son rôle, le frottement entre les deux parties (la mobile et la fixe) est trop forte, les roulements se sont dégradés.
Bien qu'il y ait une marina, la région reste tout de même isolée et les possibilités de réparation assez réduites. Nous croisons un gréeur de 70 ans toujours en activité qui nous explique que trouver du câble de 12 mm sera difficile mais que du câble Dyform sur Terre-Neuve de toute façon il n'y en a pas.
Que faire? Nous appelons alors Jérôme Dupin de Starvoiles à Gujan Mestras, le voilier qui a fabriqué nos voiles. Après entretien il faut se rendre à l'évidence par sécurité il faut changer l'étai, une section de tube et le curseur-émerillon responsable du défaut d'enroulement. Jérôme Dupin va nous procurer les pièces et s'occuper de la livraison. Tout cela a pris un certain temps et nous nous rendons compte que le passage du nord-ouest ne sera pas pour cette année.
De nouveaux enquiquinements après les précédents. Une belle accumulation d'enquiquinements oui depuis notre retour à SPM. Jérôme Dupin n'est pas particulièrement étonné que le curseur-émerillon ne fasse plus correctement son travail, c'est une pièce d'usure. Nous l'avions regardé avant de partir mais il semblait fonctionner normalement.
Gardons le moral. Parmi les "Newfies" (ainsi s'appellent entre-eux les habitants de TerreNeuve) ce sera à qui nous rendra service, soit pour nous accompagner au supermarché, soit pour nous prêter sa voiture, soit pour nous faire la conversation, soit pour nous trouver des outils, nous énoncer les règles du Yacht-Club où nous sommes les bienvenus, etc. La bonne ambiance et l'amabilité qui règnent ici nous permettent d'oublier un peu nos déboires.
En attendant de recevoir les pièces il n'y a plus qu'à déposer et démonter l'enrouleur.
Nous avons eu des nouvelles de l'équipage d'Isatis, il y a aussi quelques soucis à leur bord. 4 torons d'un bas-hauban se sont rompus. Ils vont essayer de réparer sur place dans le nord du Groenland.
17 juillet : Plusieurs personnes viennent nous donner un coup de main pour descendre l'enrouleur et l'étai. Un "interprète" dénommé Peter lui aussi est présent pour pallier à nos insuffisances en langue anglaise, d'autant que les Terres-Neuviens parlent anglais comme les Québécois, s'expriment en français avec des expressions locales typiques et un accent à couper au couteau.
Peter est là bien sûr, il a été décidé que Jim, un ancien du service des télécommunications canadiennes, va monter au mât, décapeler l'enrouleur, Peter le traducteur ainsi que quelques autres complètent l'équipe. En moins de 3/4 heure l'enrouleur est sur le quai.
Il faudra deux jours pour arriver à bout des vis récalcitrantes qui assurent la jonction des tubes sur les profils, au cours des années une corrosion s'est installée entre les vis inox et les sections de tubes en aluminium.
22juillet : Le problème d'Isatis a été résolu dans un chantier de chalutier à Aassiat, ils vont pouvoir repartir après une réparation qui paraît solide.
24 juillet : Les pièces expédiées le vendredi 19 juillet d'Arcachon sont arrivées le 24, soit 5 jours. Beaucoup plus rapide qu'un envoi express sur Saint-Pierre.
L'après-midi même l'enrouleur est remonté. Il attend sur le quai pour regagner sa place dans le gréement. Malheureusement Jim ne sera libre que lundi prochain. et le remettre en place à tous les deux ne paraît pas raisonnable. Nous allons attendre. De toute façon nous n'espérions pas recevoir le colis avant lundi.
Cet intermède nous a permis de nous promener dans la nature. Terre-Neuve est sous-peuplé, la nature ici est à portée de main dans un décor étonnant, envahit de résineux et d'érables. Une faune riche castors, écureuils, orignaux, plongeons arctiques, odonates (140 espèces) et bien d'autres encore habitent les bois. Le silence règne en maître, pas de bruit d'origine mécanique, seul le bruissement du vent dans les arbres, le chant des oiseaux et le soir les croassements des crapauds troublent la sérénité ambiante.
30 juillet : Les nouvelles pièces de l'enrouleur et l'étai sont à leur place. Le yankee aussi. Mais il persiste un problème. La poulie de sortie de drisse semble être trop haute par rapport au capelage de l'étai. La drisse de yankee frotte sur le déflecteur. La mise en place d'un filoir va être necessaire pour éviter que les ennuis que nous avons eu se répètent. Le yankee s'est enroulé normalement grâce au curseur-émerillon qui est neuf.
Merci encore au 3 Peter et à Jim pour le coup de main ainsi qu'à Caroline.
31 juillet : Une sortie en mer ne peu nuire pour vérifier que tout va bien. Nous invitons les 3 Peter et Jim à nous accompagner pour cette vérification. Seul Peter le traducteur ne pourra venir il a d'autres engagements, à son grand regret.
Beau temps pour ces essais. Nous laisserons nos équipiers barrer Noème. Départ au vent arrière avec une brise de 15 noeuds en début d'après-midi sous gennaker. Remontée du fjord sur environ 20 milles, dans un magnifique cadre, avant de rebrousser chemin et tirer des bords. Nos nouveaux équipiers sont à la fête et prennent beaucoup de plaisir à barrer et régler les voiles de Noème.
Après l'accostage au quai de la marina et les derniers échanges avec nos invités du jour il est temps de préparer le départ prévu le lendemain matin de bonne heure, la durée de l'escale a été bien longue. A l'évidence le retard pris est maintenant trop important pour envisager le PNO cet été. Reste le Groenland en compensation.
1er août : Le soleil, au petit matin, émerge radieux au dessus des basses collines environnantes. Sur le quai, au moment de larguer les amarres, les silhouettes de nos compagnons de ces derniers jours se dessinent à contre--jour. Ils viennent nous faire leurs adieux.
Que dire de tous ces Terre-Neuviens, en dehors de ceux qui ont été le plus présent, qui nous ont fait si bon accueil, dont l'aide a été efficace et désinterressée? Toujours un sourire aux lèvres et une parole de soutien. Toujours une question pour s'enquerrir de nos souhaits ou de nos besoins. Cette amabilité semble être leur apanage. Si vous avez l'occasion de naviguer dans ces régions nul doute que vous serez surpris de la gentillesse des occupants de ces terres.
Un dernier signe de la main et Noème s'engage dans le chenal de sortie et glisse sur l'eau sous l'action d'une brise légère et régulière, direction Saint Anthony à 200 milles à l'extrémité nord de Terre-Neuve. Une belle navigation pour cette reprise après ce mois d'inactivité. L'accès à Saint Anthony se fait par un goulet étroit et coudé qui s'ouvre sur une grande baie bien protégée. Il y règne une grande activité de pêche et les quais sont encombrés de nombreux chalutiers. Il y a une petite place derrière un gros motor-yacht battant pavillon des Vierges Britanniques, cela nous évitera d'aller mouiller au fond de la baie, il est beaucoup plus commode de descendre à terre à partir d'un quai que d'avoir à utiliser une annexe.
Cette ville n'a pas de charmes particuliers aussi n'aurons-nous pas de regrets de partir le lendemain.
2 août : Nous étions partis pour Julianehab au sud du Groenland mais nous avons fait demi-tour car nous avons reçu des mauvaises nouvelles en provenance de la famille en France.
8 août : Noème va rester environ un mois à Long Pond une marina située à 30km de Saint John's et donc près d'un aéroport. Nous ne savons pas encore quelle sera notre prochaine destination.