23 août : Départ aux aurores. La violence des courants de marée au sud de l'île Suduroy est telle qu'il est recommandé de ne pas manquer la marée. De toute manière elle, elle ne vous attendra pas. Vent portant de NNW 20 noeuds mollissant à 15 noeuds et une houle de 1.6 m de NNE, idéal pour descendre sur Stornoway au nord de l'île de Lewis la plus grande des îles des Hébrides Extérieures.
A la pointe sud les courants sont si violents que la mer tourbillonne et bouillonne. Les remous ne peuvent être évités car trop nombreux. Un bateau de pêche sorti du port peu de temps après nous essaie lui aussi d'éviter les plus gros remous et change plusieurs fois de direction. Par mauvais temps la mer doit être particulièrement dangereuse..Dix milles au sud de la pointe de Suduroy la mer redevient normale avec une houle régulière. Noème avance grand-largue avant de se retrouver travers dans la nuit sans lune. Vers une heure du matin le vent est parti se coucher, un grand calme s'étend sur la mer, même la houle s'apaise. Les bateaux de pêche nombreux ponctuent la nuit de points lumineux mobiles aussi erratiques qu'un vol de papillon. Il faut veiller. Nous ne sommes plus dans des mers peu ou pas fréquentées. A plusieurs reprises nous changerons de route pour nous éloigner des chalutiers. Au petit matin le vent se réveille, les nuages se sont dissipés au cours de la nuit et les premiers rayons du soleil éclairent la mer constellée de pingouins torda, guillemots et autres fous de bassan
La dernière visite à Stornoway remonte au 29 et 30 juillet 2011. Peu de changement dans la ville sauf le port réaménagé en port de plaisance. Là aussi le poisson a disparu et avec lui la plus grosse partie de l'activité de pêche. Alors les municipalités installent des marinas sécurisées avec pontons, douches, toilettes, laverie. Encore un port traditionnel qui disparaît au profit d'un aménagement nouvelles normes et payant au détriment de ces petits ports de pêche si sympathiques et accueillants au débarquement parfois précaire mais certainement plus vivants. Maintenant c'est tout confort comme à la maison. Heureusement en Ecosse les mouillages isolés abondent, ce qui évite de trop se rapprocher de la civilisation.
Nouvelles du bord
2014
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30 août : Avant le passage du canal de Crinan il faut affronter le passage du Sound of Luing réputé pour son courant et ses tourbillons. Malgré le vent qui souffle assez fort le passage est vite avalé car sur le fond nous filons à plus de 12 noeuds. A midi l'entrée du canal est devant l'étrave. Un appel VHF et l'éclusier ouvre la porte du sas d'entrée. Amarrés dans la première écluse nous allons remplir la feuille de passage et verser notre obole destinée à l'entretien du canal. Long de 14,5 km le canal relie le Sound of Jura à Ardrishaig dans le Loch Fyneet et permet ainsi aux navigateurs d'éviter le Mull of Kintyre à la mauvaise, mais justifiée, réputation, pour rejoindre le bassin de navigation de la Clyde. Les écluses, à part la première et la dernière, sont ouvertes et fermées par les équipages des bateaux en transit. Le mode d'emploi est simple : ouvrir la porte de l'écluse en poussant une grande barre de bois peinte en noir mais à l'extrémité blanche en fournissant un certain effort et la pousser en sens inverse pour la refermer. A 17 h tout s'arrête, les écluses ne doivent plus être manipulées cela pour rééquilibrer le niveau de l'eau au cours de la nuit dans l'ensemble du canal. Des petits quais sont mis à disposition le long des berges pour passer la nuit. Tout est calme et reposant pas de vie trépidante, une voiture de temps à autre passe sur la route c'est à peu près tout.
31 août : Poursuite de la route dans le canal et son environnement bucolique. Le temps est au beau. Vers midi arrivée à Ardrishaig. Il est presque midi, l'heure de la pause pour les éclusiers qui viennent nous prévenir gentiment d'envisager d'attendre l'ouverture à 13h et de rester amarrés au ponton. A l'heure dite nous sommes prêts et franchissons la dernière écluse qui s'ouvre sur le Loch Fyne. Et revoilà le vent qui refuse pour aller à Campbeltown notre prochaine étape. Vent de face, vagues de face, progression inconfortable et lente. Campeltown est situé dans une rade protégée, le vent s'y fait sentir mais la mer est moins abrupte. A minuit nous rejoignons le ponton situé à l'extérieur du port construit en U et en travaux. Pas de place et les voiliers amarrés sont bien petits pour venir à couple. Des bateaux de pêche à quai sont assez grands pour s'y amarrer. A 4 h du matin le bateau de pêche auquel Noème est à couple klaxonne pour nous réveiller car il part en pêche et il faut que nous allions faire un petit tour le temps pour lui de manoeuvrer. Son capitaine nous propose fort obligeamment de prendre sa place pour le temps de notre séjour.
1er septembre : 24 heures de navigation prévues pour rejoindre Dublin. Un peu de vent au départ puis ensuite calme plat et moteur jusqu'à l'arrivée à la marina de Poolbeg en plein coeur de la ville avec ses avantages mais aussi hélas ses inconvients. Le Poolbeg Yacht Boat Club est situé dans le grand port commercial de Dublin au trafic incessant et exposé à une pollution sonore et olfactive importante. La prochaine fois pas d'hésitation l'escale se fera à Dun Laoghaire ou Malahide que nous avons déjà fréquenté, même si pour se rendre au centre de Dublin il faut prendre le train ou le bus.
25 août : Prochaine escale à Kyle of Lochalsh où nous attendent nos amis Corinne et Guy venus passer quelques jours à bord de Noème d'Ecosse à la Bretagne. Belle journée ensoleillée comme il y en a en Ecosse plus souvent qu'on ne le croit. Là aussi la mer est parsemée d'oiseaux de mer : cormorans, macareux moine, fous de bassans, petits pingouins, guillemots, fulrmars. Arrivés en soirée au ponton de Kyle où nous sommes attendus. Kyle of Lochash était autrefois le point de départ de la traversée en bac pour l'île de Skye. Le bac a disparu remplacé par un pont reliant désormais l'atmosphère romantique de Skye à la grande terre par une route.
26 août : Navigation tranquille vers Tobermory sur l'île de Mull, le vent alternant avec des calmes. De l'île de Mull, aux reliefs marqués, aux lochs profonds et superbes, aux falaises rocheuses à la lande sauvage colorée de mauve par la bruyère en fleur, aux châteaux hantés et menaçants, se dégage un charme paisible. A Tobermorry, avec ses façades de maisons toujours aussi colorées, la saison touristique tire à sa fin, de nombreuses bouées de mouillage sont libres et il y a même des places aux pontons. Par contre la distillerie est fermée (de toute façon elle ne se visite pas) mais le pub où il est possible de déguster quand même un verre du whisky Tobermory n'est jamais bien loin.
27 août : Superbe journée ensoleillée mais avec le vent qui refuse pour naviguer vers Oban, cité mise à la mode par la reine Victoria. Oban construite sur une magnifique baie protégée par la petite île de Kerrera, capitale de l'Argyll, est entièrement tournée vers le tourisme. C'est sur l'île de Kerrera qu'est installée une marina où nous allons faire escale pour trois jours car les conditions météo pour les jours à venir vont se dégrader et seront excécrables. Depuis la marina un traversier prend en charge les navigateurs pour les déposer sur les quais du centre ville où est installée la distillerie de Oban. C'est une des rares distilleries urbaines d'Ecosse. Ses bâtiments n'ont pas évolué au cours du temps car en face il y a la mer, sur l'arrière de hautes falaises et de chaque côté c'est la ville empêchant toute extension. La visite n'est que guidée et vous mène dans les différents secteurs où est élaboré le whisky et elle se conclut par une dégustation de whiky. Le verre de la dégustation vous est offert en souvenir.
La ville est dominée par une copie du Colisée en granit, bâtiment élevé en 1897 de par la volonté d'un banquier de Oban mais jamais achevé, de cette reproduction le point de vue sur la ville et la baie est splendide. Quais et front de mer sont agréables à parcourir. Au bout des quais près de la gare maritime, se vend des sandwichs aux fruits de mer délicieux ou en salade. Corinne et Guy ne manqueront pas de les goûter.
C'est aussi la période des fameux Highland Games. Ceux de Oban sont parmi les plus célèbres avec ceux qui se déroulent à Inveraray. Les jeux ont lieu sur une grande étendue herbeuse ceinturée d'oriflammes claquants au vent. Les spectateurs installés à même l'herbe sur les flancs des coteaux avoisinants dominent une arène à l'intérieur de laquelle se succèdent lancer de marteau, de tronc d'arbre, de botte de paille et de javelot, concours de danse et de cornemuse, tir à la corde. L'ambiance est celle d'une kermesse sur fond entêtant de son de cornemuse et d'odeur de haddock fumé. Dispersés autour de l'arène les joueurs de cornemuse s'entraînent et règlent leur instrument dans une joyeuse cacophonie avant de passer devant le jury. Il en va de même des danseuses, adolescentes ou petites filles, en kilt et chaussettes montantes à carreaux colorés du même ton que le kilt (bien entendu) qui se mettent en jambe avant d'aller sur une estrade face aux jurés danser, obligatoirement, au son des cornemuses.
La journée s'achève par la remise des prix et par un grand concert de cornemuses de "l'harmonie municipale"qui parcourt d'abord la scène vidée de ses acteurs avant de redescendre ensuite vers le centre ville.