Nouvelles du bord
2014
18 avril : A notre arrivée une météo radieuse, froide et venteuse pour un accueil chaleureux à l'aéroport de Saint-Pierre où Danièle (de l'école de voile) nous attendait. Partis la veille de Bordeaux par une chaleur précocement estivale nous savions que l'hiver continuait sur le nord du Canada ainsi qu'à SPM. L'hiver s'il fut clément en métropole fut extraordinairement généreux et rigoureux sur le Canada et la mer gelée comme elle ne l'avait pas était depuis ces trente dernières années au point que les liaisons maritimes entre Terre-Neuve et la Nouvelle Ecosse furent maintes fois interrompues sans oublier les navires à passagers bloqués par le pack pendant parfois 48 heures avant de pouvoir se libérer, reprendre leur navigation et continuer à faire route. Aujourd'hui le pack de glace est encore très important et les icebergs si nombreux qu'ils croisent bien au-delà de la péninsule d'Avalon et descendent fleurter avec les 40°nord.
Au cours du vol vers Toronto depuis Paris, l'avion survola Terre- Neuve, plus précisément la péninsule du nord puis le détroit de Belle-Île et le Golfe du Saint-Laurent. Par le hublot la mer était blanche de glace sur des milles et des milles alors que le détroit de Belle-Îsle était encore obstrué en totalité, le golfe du Saint-Laurent commençant lui à se libérer. D'ici la fin du mois de mai ou début juin, période prévue pour notre départ vers le nord avec Noème, il est à espérer que cette glace aura fondu et que les routes maritimes seront débloquées pour notre voilier.
19 avril : Le lendemain matin l'hiver nous gratifia d'un dernier soubresaut avec pluie, vent et grésil qui dans la soirée se transforma en chute de neige. Au matin du 20 avril Saint Pierre se recouvrait d'un dernier léger manteau de neige rapidement fondu aux premiers rayons matinaux du soleil malgré une température voisine de 0°C et un vent toujours vigoureux. Mais le soleil est là bien présent.
21 avril : Du froid annoncé encore pour toute la journée mais aussi pour les jours à venir. Les températures des prochains jours oscilleront entre 0°C et 3°C. Demain nous verrons avec Manu le responsable de l'école de voile comment nous allons organiser la remise à l'eau de Noème. Comme le carénage a été fait en novembre et l'antifouling passé lui aussi dans le même temps il y aura cette année peu de travaux si ce n'est de regréer, remettre en route l'électronique et vérifier son bon fonctionnement avant de procéder à l'avitaillement et au plein de carburant.
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4 mai : L'hiver est revenu. Etait-il seulement parti? Hier il a neigé abondament, plus de 5 cm de neige. Mardi prochain il devrait neiger toute la journée. L'hiver perdure, s'incruste et ne souhaite pas se retirer. Ces derniers jours printaniers avaient vu fondre les derniers névés à flanc de colline faisant naître l'espoir d'un hiver finissant. Le printemps se fera encore attendre. Et la mise de Noème à l'eau aussi. Prévue demain le 5 mai elle est repoussé au 9 mai car un des trois bateaux n'est pas prêt, la température ambiante est trop basse pour peindre et passer l'antifouling. Théoriquement si les prévisions météorologiques annoncées sont bonnes le soleil devrait être de retour le jour de la mise à l'eau.
Les journées sans vent et ensoleillées sont rares aussi ne pas les gaspiller et en profiter pour aller marcher dans les rues de Saint-Pierre et aux alentours. Des enseignes originales, des vieilles bouées mises au rencard, de vieux cabestans décolorés orphelins de leur doris et aussi malheureusement une décharge à ciel ouvert colonisée par des goélands
La faune et la flore de Saint-Pierre sont très intéressantes. De nombreux chemins sillonnent l'île et leur fréquentation en semaine est rare. Ainsi nous croiserons harfang des neiges, arlequin plongeur ou canard marin, goéland à bec cerclé et ses cousins le goéland argenté et le goéland articque, merle des amériques, pygargue à tête blanche et autres passereaux, sans oublier les bernaches du canada.
25 mai : Remise à l'eau de Noème le vendredi 9 sous un soleil de plomb (!) comme il n'y en avait pas eu depuis très longtemps. La température avoisinait les 9/10 °C et surtout sans vent. Quinquin notre grutier maintenant attitré était à la manoeuvre. Trois bateaux à remettre à l'eau, Noème étant le dernier de la liste. En un peu plus de deux heures les trois voiliers barbotaient à nouveau dans l'eau fraîche du port.
Dans la semaine qui suivit le beau temps persista ce qui nous permit de regréer le bateau et de briquer le pont et la coque qui n'ont pas souffert de l'hiver. Comme à l'accoutumée quelques enquiquinements. L'antenne GPS du transpondeur ne répond plus, le moteur a eu du mal à démarrer et surtout la circulation au niveau de la pompe à eau montrait quelques signes de défaillance, le robinet de la cuisine fuyait gaillardement bien que le circuit ait été vidangé (mais le plastique du-dit robinet n'a pas supporté les grands froids hivernaux). A priori l'ensemble paraît être en état de fonctionnement. Soit finalement pas grand chose par rapport à l'année passée. Heureusement car le temps s'est à nouveau dégradé et les températures sont de nouveau à la baisse et stagnent à 5/6/7 degrés. En contrepartie, heureusement il y a peu de vent.
Début de l'avitaillement et des divers approvisionnements mais pas encore pour les produits frais car il est difficile de prévoir une date de départ. Il a fait si froid cet hiver que le détroit de Belle-Île est toujours bloqué par les glaces et les icebergs si nombreux que vouloir passer par le sud-est de Terre-Neuve obligerait à descendre vers 40° nord, tirer un long bord vers l'est pour dépasser le champ d'icebergs avant de remonter sur le Groenland . La carte du champ d'icebergs et celle de concentration des glaces sont très explicites.
En attendant le départ nous profitons de ces jours d'attente pour admirer les sternes arctiques qui sont de retour et en grand nombre comme si le froid les avaient fait descendre plus bas en latitude pour la nidification du fait des températures qui demeurent basses. Promenades bienvenues certes sortir bien emmitouflé est indipensable pour se protéger du froid. Et le retour du vent rafraîchi par son passage sur les glaces ne favorise nullement la remontée des températures qui dès qu'il y a un peu de soleil et qu'elles prétendent reprendre un peu de liberté c'est le brouillard qui s'empresse de noyer le paysage dans une brume opaque et dégoulinante d'humidité.
Les pêcheurs à bord du Jean-Christophe à quai trient le peu de morue qu'ils ont pu ramener. La pêche n'est pas très bonne en ce moment car la température de la mer est trop froide et ne se réchauffe pas elle non plus.