Nouvelles du bord
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28 juin :Dans la soirée nous rejoignons Reidar et un de ses amis dans un bar, sur le port de Stavanger, où ils ont l'habitude de se retrouver tous les mardis. La terrasse est saturée par les consommateurs en vacances qui essayent de profiter du moindre rayon de soleil, il faut dire qu'il pleut quasi sans discontinuer depuis deux jours et en cette fin d'après-midi le soleil a réussi à percer la couche nuageuse. Tout ce petit monde consomme de grandes pintes de bière et autre alcool dans une ambiance bonne enfant. Reidar et son ami sont venus en bus et repartiront par le même moyen de transport car en Norvège on ne plaisante pas avec la conduite en état d'ivresse, l'alcoolémie tolérée est de 0g d'alcool dans le sang. Reidar nous enjoint de gagner le premier étage pour s'éloigner de la cacophonie de la terrasse et de la musique diffusée au rez-de-chaussée du bar. Une agréable soirée à converser entre amis.
2 juillet : Ces derniers jours il a plu en abondance, difficile d'aller se balader ou envisager des excursions et rester un minimum sec. L'appareil photo est malheureusement resté dans le bateau. Il n'y aura pas d'illustration.
Aujourd'hui départ pour Skudeneshavn, au sud de l'île de Karmoy, un des trois plus jolis villages de Norvège situé à 25 miles dans le nord-ouest de Stavanger. Si le départ est calme le vent va vite grimper sur l'échelle de Beaufort pour atteindre un bon force 6 bien tassé et quelques rafales à 30 noeuds. L'entrée étroite qui mène au port est superbe. Le port est installé dans le centre ville (ou plutôt la ville a été construite autour du port). Mais tous les quais sont encombrés par un nombre incroyable de bateaux (essentiellement à moteur), et de grandes banderoles annoncent qu'en ville il y a un festival et ce pour trois jours. Tous les norvégiens du coin sont venus en bateau pour assiter à ce festival. Après avoir tourné un moment il faut se rendre à l'évidence aucune place pour Noème. Mais sur la gauche en entrant nous avons vu qu'il y avait une petite marina et effectivement il y a un grand ponton pour accueillir le navigateur de passage. Et bientôt Noème est à quai, non sans mal d'ailleurs et avec l'aide d'un couple de plaisancier anglais. Le vent soufflant dans la mauvaise direction, il était impossible de s'approcher du ponton, à chaque approche le vent prenait un malin plaisir à refouler Noème. Deux longues aussières lancées du bord et récupérées par nos britanniques et rapidement tournées aux taquets du ponton ont permis de faire venir et amarrer le bateau.
Un peu plus tard nous sommes en ville au milieu d'une foule inhabituelle pour ce port. Il y des kioques à musique installés en plusieurs endroits de la ville. Tout autour du port, au ras des quais, s'élèvent des maisons en bois peint, à leurs pieds à l'occasion du festival plusieurs voiliers de type Colin Archer sont amarrés dans un état de restauration remarquable bichonnés par leurs propriétaires. Il y a aussi de nombreux bateaux de pêche à la voile eux aussi magnifiquement restaurés.Une belle ambiance dans les rues. Des marchands ambulants, des gargotes mobiles et aussi des stands dans lesquels des artisans (d'un certain âge) renouent avec les gestes des métiers ancestraux tels que le travail du fer et du bois, filage de la laine. Un public attentif écoute religieusement les commentaires et explications des anciens. Les jeunes sont particulièrement à l'écoute et posent de multiples questions.
Un temps excécrable, une lumière difficile, un crachin continu nous font renoncer à prendre des photos : dommage.
4 juillet : Il pleut tellement au moment du départ et la météo annonce un vent de secteur ouest pour une grande partie du trajet donc "on the nose" (comme disent nos amis anglais) que nous renonçons à partir pour Lerwick. Une nouvelle traversée de la Mer du Nord toujours plus ou moins chaotique ne nous enchante guère. Nous allons attendre que le vent soit de nord au sud en passant par l'est pour traverser.
Nous allons remonter vers le nord par les voies intérieures et visiter la côte en attendant que le vent veuille bien tourner en notre faveur.
Deux jours à Lervik petite ville de 6000 habitants, assez agréable avec une partie de son port tourné vers la plaisance.
6 juillet : En route vers Bekkjarvik dans l'archipel d'Austevoll. Voie intérieure aux eaux calmes malgré le vent. Le village est un ancien poste de commerce, l'auberge encore en activité date du 17ème siècle, il y avait aussi une usine de construction de canon. De nos jours l'économie tourne autour de l'industie de la pêche saisonnière et aussi du tourisme. Le port, autour duquel est édifiée la ville, a été aménnagé pour accueillir des bateux de plaisance et un autre port en périphérie de la ville a été construit récemment pour accueillir encore plus de plaisanciers. Le cadre est très agréable, le lieu serein, l'ambiance familiale.
Ce port situé à l'embouchure d'un fjord le Selbjornsfjord, permet d'attendre une bonne météo pour quitter la Norvège direction les Shetland. La Mer du Nord est à moins de 5 milles.
10 juillet : Vent de sud-sud-est tournant sud à 15/20 noeuds annoncé par la météo et absence de vent à la fin du parcours en arrivant sur les îles Shetland. La mer est prévue agitée comme d'habitude en mer du Nord mais peu agitée à belle à l'arrivée. C'est décidé départ au petit matin direction Lerwick. Pour une fois nous n'aurons pas de près. Youpi!!
Traversée sous la pluie, tout de même. Avoir du vent portant ET du soleil c'est beacoup demandé dans ces régions. Bonne route sauf vers 23 heures ou un cablier en opération croisa notre route et le bateau accompagnateur nous demanda bien obligeament de nous dérouter direction sud pendant 3 milles pour sortir de la zone de danger des câbles en train d'être déroulés. Mais vers le sud quand vous avez du vent de sud ce n'est pas terrible du coup affalage des voiles mise en route du moteur et hop route contre vent et vagues, heureusement ce n'était que trois milles mais pas confortable du tout car à ce moment-là le vent bien sûr soufflait ses 20/25 noeuds. Enfin cela a brisé la monotonie du voyage. Arrivée à Lerwick en tout début d'après-midi le 11 juillet au moteur.
11 juillet : Temps maussade, venté et pluvieux. Nous allons faire connaissance d'un couple de français Dominique et Bernard sur leur voilier Romico. Amoureux de l'Ecosse ils la sillonnent depuis de nombreuses années, hivernent leur bateau en Ecosse d'abord à Oban et depuis deux hivers à Stornoway aux Hébrides Extérieures. Romico est un joli ketch en bois construction amateur, très cosy. Vous en saurez plus en allant sur leur blog http://romico1.blogspot.com
14 juillet : Il est temps de continuer à redescendre, le vent est de nord-nord-ouest 20 noeuds idéal pour rejoindre les Orcades. 97 milles de Lerwick à Kirkwall. Trajet rapide moins de 13 heures dans une mer peu agitée à agitée et vent irrégulier obligeant à multiplier les manoeuvres. A 17 heures arrivée à Kirkwall dans une marina quasi vide. Si il y a peu de voiliers de passage par contre nous avons croisé un énorme bateau à passagers 2 milles avant le port et au quai il y a encore 2 horribles bateaux à passagers. Il va y avoir du monde en ville. La dernière fois que nous sommes passés ici c'était il y a 5 ans et le contexte touristique était un peu différent. Nous verrons bien demain.
15/16 juillet : Gros temps sur les Orcades : force 9 pendant 12 h avant de faiblir. Et beaucoup de pluie. Difficile d'envisager d'aller marcher ou même prendre le bus pour une petite visite de Mainland car il n'y a pas d'abri de bus. Il est toujours possible de rester stoïque sous la pluie et attendre un bus mais voilà il pleut depuis notre passage aux Shetland depuis la mi-juin, une légère saturation commence à poindre chez l'équipage. Reste à louer une voiture, mais voilà c'est un peu "busy" en ce moment, aucun véhicule à louer sur l'île.
La ville historique de Kirkwall est dominée par la magnifique cathédrale Saint Magnus fondée en 1137 à l'époque de la domination de l'île par les comtes de Norvège. De style roman cette cathédrale comporte de beaux exemples d’architecture normande. Les pierres sont de grès rouge (carrière près de Kirkwall) et de grès jaune provenant de l’île d’Eday. Les blocs sont disposés alternés dans les murs ce qui donne une forme de damier associant un effet polychrome remarquable. A l'origine la cathédrale était constituée de trois nefs à travée et une abside similaire à celle de la cathédrale de Durham. Le transept ne comportait qu'une seule chapelle (à l'est) et huit travées pour la nef. La cathédrale d’origine comprend le chœur de l’église d’aujourd’hui. À la fin du XIIe siècle et au début du XIIIe siècle, l’édifice fut agrandi à l’est avec des voûtes à travers, et à la fin du XIVe siècle, l’actuelle façade fut adjointe au reste du bâtiment. Ces derniers éléments introduisirent le style gothique avec des arcs en ogive.Simultanément à la construction de la cathédrale d’origine, William Senex fit construire le palais épiscopal à proximité, constitué d'une grande salle rectangulaire au-dessus de magasins à voûtes. Après qu’il fut tombé en ruines, l’évêque Robert Reid, qui siégea à Saint-Magnus de 1541 à 1558, restaura le palais, après 1540 en y faisant ajouter une tour ronde, la « Toor Moosie ». Un donjon est construit entre le mur sud du chœur et la chapelle du transept sud ce qui est tout à fait exceptionnel. La salle de justice située au-dessus de la prison disposait d’une goulotte destinée à y laisser tomber les prisonniers qui demeuraient dans l’obscurité totale et sans aucun moyen de s’échapper une fois l’ouverture fermée. Après la Réforme, la goulotte fut comblée. D'importants travaux de restauration furent entrepris au XXème siècle. En particulier la pyramide trappue située au sommet de la tour fut remplacée par un clocher revêtu de feuille de cuivre. De nombreux travaux de restauration sont en cours car cet édifice de presque mille ans accuse les années et les outrages du temps.
Le palais de l'Evêque fut construit à la même époque que la cathédrale Saint Magnus dans la moitié du XIème siècle alors que les Orcades étaient sous domination norvégienne, le plan du palais était similaire à celui du roi Haakon de Norvège. L'évêque dans ces temps anciens était un homme au pouvoir important, il se devait d'avoir une résidence digne de son rang et assez conséquente pour recevoir ses hôtes royaux. Malheureusement il ne reste plus que quelques ruines au centre de la ville actuelle.
Une autre ruine remarquable est située tout à côté de la cathédrale c'est la résidence des comtes des Orcades. Construite entre 1601/1606 par Patrick Stewart homme à l'ego démesuré, ambitieux, violent et cruel. En 1607 il fut déchu de son titre par le roi James IV son cousin, puis condamné à la prison pour trahison et finalement décapité en 1610.
A voir aussi, face à la cathédrale, la maison d'un notable du 19 ème siècle transformée en musée (gratuit), très interressant et qui donne un aperçu très concret de ce que pouvait être le mode de vie quotidien dans cet archipel isolé.
Et puis en Ecosse tout finit au son des cornemuses qu'il pleuve qu'il neige, qu'il vente ou pour aller à la bagarre.
17 juillet : En route vers Wick 45 miles au sud. Si le vent s'est calmé et a tourné secteur nord la pluie elle n'a pas cessé et à wick deux jours nous resterons pour redescendre sur Inverness et emprunter à nouveau le canal calédonian.
19 juillet : Il a enfin cessé de pleuvoir. Du soleil et peu de vent. Arrivés à Inverness Marina située à l'embouchure de la rivière Ness dans la soirée, marina où Noème avait hiverné l'hiver 2009/2010. La marina était juste opérationnelle, depuis des locaux fonctionnels et confortable avec salle de réception toilettes et laverie ont été construits et remplacent les Agelcos temporaires.